La relation entre l’homme et la nature

25 avril 2022

La relation entre l’homme et la nature par Michel Poitevin, Perros-guirec, le 8 novembre 2021.

Introduction

Lorsque nous marchons le long des sentiers de la côte de granite rose, nous éprouvons un sentiment de sérénité : l’esprit se reconnaît mieux dans la présence taciturne et muette de ces roches millénaires que dans le bavardage incessant des êtres humains. Cependant nous éprouvons des impressions différentes au gré de notre marche. Nous sommes d’abord étonnés par le volume imposant des ces chaos granitiques qui occupent un espace considérable. A d’autres moments, nous avons l’impression de marcher sur une terre sacrée et nous appréhendons certains ensembles de roches verticales comme des totems chargés d’une puissance magique et protectrice. Enfin, dans certains moments de grâce, ces paysages éveillent en nous l’imagination symbolique, productrice de mythes et de symboles. La singularité des paysages éveille la singularité du promeneur qui se projette librement dans la contemplation d’un paysage romantique. Elle favorise la rencontre avec soi-même et avec les autres.

Ces impressions différentes autorisent à penser trois types possibles de rapport homme nature. Nous pouvons appréhender la côte de granite rose comme une étendue matérielle et procéder à une approche purement scientifique de cette côte. Suivant un chemin initié par les savants du 17 ème siècle, l’esprit humain se détache de la Terre-mère et constitue la nature en objet d’études scientifiques : la physique, la géologie, la biologie, la géographie, la cartographie contribueront – entre autres sciences – à donner une image exacte et rigoureuse de cette côte. Mais nous pouvons également voir dans ce paysage romantique l’expression de la nature comme comme une Terre-Mère chargée d’une puissance quasi mystique. Ces points de vue opposés proposent soit une fusion de l’homme à la nature, soit une totale extériorité de l’un à l’autre. Est-il possible de concevoir, au-delà de cette opposition, une intériorisation réciproque de l’homme et de la nature susceptible d’aboutir à l’humanisation morale et juridique de la nature ?