L’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, des granites roses situés sur la côte nord de la Bretagne, au titre de site naturel exceptionnel, est un projet ambitieux, exigeant et transdisciplinaire. Il s’agit de rendre un hommage légitime à ces chaos granitiques exceptionnels, à ce géomorphosite originel et de préserver voire de sauvegarder le patrimoine biologique faunistique et floristique de cet écrin fragile malgré la minéralité immémoriale.
« Les Granites Roses, entre l’Archipel des 7 Iles,
le Pluton de Ploumanac’h et les carrières de la Clarté »
L’inscription au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco pour la Côte de Granite Rose au titre de site naturel exceptionnel est un projet ambitieux. D’aucuns peuvent le juger irréaliste. Pour moi, il s’agit de rendre un hommage légitime à ces chaos granitiques remarquables, à leur richesse géologique extraordinaire et, au-delà, à la beauté primitive et originelle de l’alliance nouée entre la terre et la mer. Ce sera aussi un moyen de préserver voire de sauvegarder le patrimoine biologique de cet écrin fragile malgré la minéralité immémoriale.
Quelle est la légitimité d’un tel projet ? Empêcher la dégradation du littoral liée aux pressions anthropiques et la fragilisation des écosystèmes qui en dépendent pour protéger ce qui peut encore l’être pour les générations futures.
Ce merveilleux « Commun » des granites roses a forgé, façonné des générations d’humains et s’est inscrit dans l’imaginaire artistique tout autant que dans la réalité concrète sociale. Ce projet est culturel, intellectuel et international qui mettra en perspective une autre manière plus sensible d’aborder la découverte de lieux immémoriaux naturels. Il ne s’agit pas ici de « vendre » ni de muséifier la côte. Il s’agit ici de donner une place de choix au vivant dans son ensemble, de faire cohabiter harmonieusement le développement économique basé sur le respect de la faune et de la flore, basé sur un tourisme qualitatif en quête de savoir et de beauté avec les enjeux liés au littoral et les villages qui y logent.
Les sujets sont multiples : protection contre l’érosion naturelle, protection contre l’urbanisation insuffisamment maîtrisée, régulation d’un tourisme de masse afin de sauvegarder les sentiers, prévention contre les appétits de promoteurs soucieux d’élargir leurs offres de loisirs, maîtrise des corridors écologiques … Nous voulons mettre en œuvre une dynamique de sauvegarde et de valorisation compatible avec la préservation d’un patrimoine plus fragile que sa minéralité immémoriale pourrait le laisser croire.
L’affiliation à un réseau de sites mondiaux oblige autant qu’elle permet. Elle impose une exigence de qualité. Elle permet de faire connaître et reconnaître les vertus du site. Le tourisme est une économie ambivalente. Sans précautions, il met en péril les sites – culturels ou naturels – qu’elle offre à la consommation de masse. A être trop vendue, la beauté des lieux peut s’user jusqu’à disparaître. Le label attribué par l’UNESCO permet d’instaurer une régulation des flux.
L’instruction d’un dossier de qualité est la clé fondamentale qui commande l’approbation des instances internationales. Son élaboration doit répondre à des critères scientifiques et esthétiques. Il doit susciter l’adhésion sans réserve de tous les acteurs locaux.
600 à 300 millions d’années de géologie nous contemplent dans ce Trégor qui nous est cher. Tel est le fil rouge qui s’inscrira en filigrane tout au long du dossier.
Témoins grandioses aux formes d’exception de l’histoire de la terre et de ses transformations géologiques, les granits multicolores doivent être révélés de manière scientifique, dans le même temps que leurs accès doivent être magnifiés. Nous mettrons en lumière l’action, la réaction et l’interaction de l’humanité face au minéral. Il y a tant d’imaginaires et de sensibles à mettre en exergue, que ce soit dans le domaine de la géologie, de l’archéologie, de la philosophie, de l’histoire, des arts…Nous porterons haut les couleurs de la Bretagne en rédigeant un dossier abouti, exigeant, structuré, transversal reliant toutes les connaissances acquises et tous les imaginaires possibles.
Marielle Kerbaol | 7 novembre 2021
La côte de Granite Rose
La côte de granite rose, ou « la perle des perles » selon André Barrois géologue en 1929, est ci-nommée en 1926 lors du développement touristique balnéaire. Elle se situe sur la côte septentrionale des Côtes d’Armor dans le Trégor. Cette appellation illustre les blocs aux formes spectrales exceptionnelles de granite rose qui couvrent un petit périmètre côtier de 5 km entre Ploumanac’h et Trégastel en continu avec quelques chaos rocheux à Trébeurden. Cet ensemble géologique de forme elliptique a émergé entre 600 et 300 millions d’années. Il est borné à ces deux extrémités par les plus vieilles roches de France, âgées de 2 mds d’années. C’est bien l’histoire géologique de la terre que narrent ces roches. Mais pas seulement. L’archipel des 7 Îles qui lui fait face est la plus importante réserve naturelle nationale depuis 1976 et abrite de nombreuses colonies d’oiseaux marins protégés.
Cette alliance primitive et originelle de la terre et de la mer, la richesse de la faune et de la flore dans ce petit territoire recèle une puissance narrative et évocatrice extraordinaire qui mérite d’être protégée afin que les générations futures puissent savourer ce spectacle.
Objectifs
Le littoral subit des pressions anthropiques de plus en plus fortes : une « surfréquentation », des pollutions, une urbanisation galopante et non encadrée. Parallèlement, il y a peu de valorisation et très peu de régulations. Une inscription au patrimoine mondial de l’Humanité légitimera toutes les actions pour réguler, remodeler les flux, imposer plus fermement la protection de la faune, de la flore et des chaos, et influencer les acteurs locaux pour favoriser une fréquentation qualitative lissée sur toute l’année. Les Chaos granitiques de 300 millions d’années sont en péril, les espèces vivantes qui y vivent, sont en péril….
Nous devons les respecter, c’est-à-dire prendre conscience de leur fragilité, de leur beauté évocatrice, eux et tout le milieu y afférent. C’est le cœur même de l’action de l’association « Côte de granite rose : Respect & Protection ».
Une reconnaissance internationale est le plus bel hommage que l’Homme puisse rendre à la nature et elle sera un levier important pour valoriser, protéger ce joyau, mener des actions auprès du public, auprès des collectivités territoriales, auprès de chacun d’entre nous et ceci afin de contenir les appétits anthropiques que ce territoire subit.